Accueillante Malaisie

Aujourd’hui il pleut. Les nuages sont bas. La température aussi, toutes proportions gardées. La pluie est fine et incessante. On est loin des averses exotiques rapides et puissantes.  C’est simple, on se croirait dimanche. Pourtant, en jetant un œil dehors, les palmiers bordent la mer, les locaux, en t-shirt, se déplacent en mobylettes et  les food courts sont bondes. Malgré la pluie, l’activité de Pontian Kecil bat son plein. Nous sommes en Malaisie, au bord de la mer de Malacca, 200 km au sud de Malacca. Aujourd’hui, 10 janvier 2012, nous faisons une pause pour vous écrire avant de prendre l’avion, vendredi, pour Jakarta, capitale de l’Indonésie.

 

Bon, nous faisons aussi une halte ici car ce matin nous n’avons pas pu nous lever. N’ayons pas peur des maux. Nous avons quitté Malacca deux jours auparavant et 200 bornes en deux jours, cela nous a bien calmés ! Nos muscles ont besoin de repos. Avant d’en arriver là, nous sommes passés par bien des chemins. Laissez-nous vous les conter.

 

Cette fois, c’est fait l’Amérique centrale est belle et bien digérée. Nous sommes donc arrives à Kuala Lumpur le 30 novembre dernier, bien sûr. De là, nous hésitons sur notre chemin. Passons-nous sur la côte est, remontons-nous vers la Thaïlande, faisons-nous une boucle côte ouest- côte est-Singapour ?

Plein d’idées germent, mais nous sommes à vélos et les trajets sont plus longs qu’en bus. Notre séjour à la Birdnest Guest House a été plein de rebondissement. Comme nous rencontrons beaucoup de voyageurs, nous échangeons sur leurs destinations, ils nous donnent des informations. De fil en aiguille, Willy nous propose donc de passer les fêtes de Noel au Birdnest. Et là, tout s’éclaire. Nous allons laisser nos vélos ici et faire comme la plupart des personnes que nous rencontrons, prendre des transports en commun. Et c’est parti pour 12 heures de train de Kuala Lumpur jusqu’à Hat Yai en Thaïlande, puis une heure de bus jusqu’au ferry qui nous déposera sur les plages de Ko Lipe. C’est une petite ile située juste après la frontière malaise. Nous restons deux jours entre plage et snorkeling. L’eau est magnifique, notre chambre-chalet jouxte la plage et la douche est à ciel ouvert. Ce fut une belle étape sans bruit de circulation. Ça fait du bien ! C’est court, mais d’autres iles nous attendent.

On continue par Langkawi, dont le principal intérêt est d’être une zone détaxée et malgré les éloges entendus et lus sur ses plages nous ne sommes pas parvenus à nous baigner plus de deux minutes dans cette eau quelque peu glauque à l’odeur d’huile de foie de morue. C’est que nous sommes difficiles…  De là, nous joignons Georgetown sur l’ile de Penang. Nous nous baladons entre les quartiers chinois et indiens, dégustons des mets locaux de cette jolie bourgade  dont les rues étroites sont bordées par de vieilles demeures bien restaurées pour certaines. Notre guest house jouxte des temples hindous et des assembleurs de colliers de fleurs pour les offrandes.

 

Et puis il est temps de passer Noel à Kuala Lumpur, puis de reprendre nos vélos en direction de Malacca. Autant vous dire que recommencer a pédaler après un mois d’arrêt n’est pas des plus simple, d’autant qu’il faut sortir d’une capitale et naviguer sur les doubles voies dignes d’autoroutes,voir carrement autoroute pour certaines portions ! Toutefois, cette première journée s’est déroulée sous le signe de la générosité. Dès le matin un motocycliste a fait demi-tour pour nous aiguiller sur le bon chemin. Une heure plus tard, un autre, nous voyant nous tromper s’est arrêté de manger, a enfourché sa petite moto, nous a rattrapé pour nous mettre sur le bon chemin. Ne rigolez pas, les rues ont des noms similaires et le réseau des routes est tentaculaire. Grace à eux, nous naviguons avec les camions, les voitures et nombre de moto dont les conducteurs s’en vont au boulot. Apres deux heures de pédalage, toujours dans KL, nous arrivons à l’entrée d’un péage. C’est étrange, mais la bonne direction. Seulement, juste avant de prendre l’autoroute une trentaine de motocyclistes se sont regroupés sur le bas-côté. Que se passe-t-il ? En navigant à travers le groupe, on aperçoit l’un deux, allonge à terre, immobile. Un accident s’est produit juste avant notre arrivée et les autres, par solidarité, attendent les secours. Ca jette quand-même un froid…

 

Vers onze heures, nous faisons une pause pour nous rafraichir et déjeuner. Trois minutes après, dans une cote, Clac ! Ma chaine se casse. Pour une reprise, c’est une belle reprise. On n’a pas attendu deux minutes  pour qu’un véhicule s’arrête. Le chauffeur et son partenaire nous proposent de nous emmener jusqu’au prochain réparateur de vélo tout en faisant un bout de leur tournée. Ils livrent et enlèvent des bouteilles de gaz aux abonnes. Seulement trois personnes peuvent monter en cabine. Comme Fanny ne souhaite pas forcement se trouver seule avec eux, elle monte à l’arrière avec les vélos et les bouteilles de gaz. Je tiens à préciser qu’elle a adore ! D’un coup de dérive-chaine, en moins de deux, le réparateur a fini son travail. Pendant ce court moment, juste à côté, un Indien s’intéresse à notre voyage et nous offre deux cannettes de RedBull, pour les forces dit-il. Nous l’avons béni moins de trente minutes après lorsque la route est devenue cote à travers la jungle.

Arrives a Seremban, sans carte, perdus dans une rue de sens uniques, à nouveau, un motocycliste s’’arrête à nos côtés et nous propose de le suivre jusqu’à notre lieu d’hébergement du soir. Apres une bonne douche bien méritée, si, si, nous faisons une petite sieste d’une heure-trente, au moins. Nous sommes levés depuis 5h du matin et avons été neuf heures sur la route. Il fait 33 degrés, un taux d’humidité énorme et une circulation vraiment dense et bruyante.

 

Le lendemain, c’est reparti pour un tour. Six jours de pédalage séparent Seremban de Singapour. Nous traverserons les villes de Port Dickson, Malacca, Bathu Pahat, Pontian Kecil et Johor Barhu. Sauf à Malacca ou nous avons séjourné quelques jours, nous ne sommes restes qu’une nuit dans les autres. Malacca est une ville vraiment agréable ou la population est très abordable. Et, à bien y réfléchir, comme toute celle que nous avons croisée en Malaisie. Il y règne cette atmosphère des villes de bord de mer, à la fois détendue et active. Les trishaws multicolores vous proposent de découvrir la ville sur fond de musique, le marché de nuit du quartier chinois bloque à lui seul une très longue rue. Bien sûr on trouve de tout sur les étals, des fringues, des boucles d’oreilles, de l’encens, des tatoueurs et même et surtout… Coconut Man. Il fallait que nous voyions cela avant de partir. Coconut Man est réputé mondialement. C’est un vrai docteur ( ?) qui vend sa potion contre beaucoup de maux, notamment musculaire. Et pour mieux appâter le chaland, il fait un numéro de deux heures et demi à l’issue duquel il perce une noix de coco à l’aide de son index. Vous ne nous croyez pas ? Alors voici la vidéo :

 

 
Coconut Man by fannymathos

 

Incroyable, non ?

 

A Malacca, nous nous sommes aussi rendu compte qu’il n’est plus possible d’étendre un visa indonésien de trente jours. Ça change tout le temps. Il nous faut impérativement un visa de soixante jours. Ça, c’est un aller-retour à l’ambassade d’Indonésie à KL. Deux heures de bus et une heure de SkyTrain après nous arrivons devant l’ambassade. Un petit gars en uniforme nous précise avec un sourire en coin, que l’ambassade est fermée pour les visas. Il faut revenir le lendemain. Ah oui, je ne peux pas entrer en bermuda, mais Fanny, elle, peut entrer en short et débardeur. Nous voilà prévenus. Le lendemain, Françoise et Jean qui nous hébergent et que nous saluons chaleureusement, nous prêtent un sarong pour moi et un autre pour Fanny. Au cas où, Fanny prend son pantalon, style Shéhérazade. On ne sait jamais, ils changent vite d’avis ou l’avis change d’un interlocuteur a un autre.

Donc, nous nous présentons et la, comble du comble en territoire indonésien ou le sarong est presque la tenue officielle, il me refuse l’entrée. Du coup, me cachant de la porte et de la foule qui se trouve devant, j’enfile le pantalon de Fanny. Belle allure. Mais mes jambes sont bien cachées. Cette fois-ci ils nous laissent entrer tout en ayant un sourire. Cinq mètres plus loin, un autre garde précise a Fanny qu’elle doit se couvrir les bras. Décidément, chacun a sa politique ! Le sarong recouvrant les bras de Fanny, nous pouvons enfin retirer notre visa, revenir à Malacca et entreprendre la suite. Tout cela nous fait quand-même perdre du temps.

 

Toutefois, notre route se poursuit, traverse des kampungs (villages) malais, longe la jungle et des palmeraies ou les singes cueillent les noix de palme qui servent à fabriquer l’huile. Un des moments que nous adorons, c’est notre première pause du matin vers 9/10h. Comme nous partons avant 7h juste quand le jour se lève, nous aimons bien petit-déjeuner dans les restaurants au bord de la route. Bien souvent les ouvriers boivent leur the du matin. Bien souvent, lorsque nous arrivons avec nos gros vélos, les conversations prennent une toute autre saveur. Nous n’y comprenons goutte, mais nous sentons bien qu’elle a pris une autre direction. Et bien souvent, il y en a toujours un qui prend la parole pour les autres et nous posent les mêmes questions : d’où venons-nous, où allons-nous, combien pèsent les vélos, combien de temps voyageons-nous ? En plus de bien manger, nous passons des moments très agréables d’échanges et de temps en temps de franche rigolade.

 

Arrives à Singapour, nous ne trainons pas pour chercher des cartons d’emballage pour les vélos. Mais cela s’avère une mission périlleuse. Soit les boites sont minuscule, soit les magasins n’en ont pas ou bien ils les vendent rubis sur ongle. Depuis deux jours nous envoyons des emails, nous téléphonons et arpentons le bitume. Et à force de persévérance,  un magasin a des grands cartons et se propose même de nous les emballer. Si tout va bien, mardi nous embarquons. Enfin.

Comme deux visiteurs nous rejoignent à Bali début février, notre temps est maintenant compte. Nous avons décidé d’atterrir directement là-bas et de faire notre séance indonésienne de pédalage sur l’ile.

 

Une chose est certaine, après ces petits voyages en bus, train et ferries et malgré les galères dans les aéroports, le doute n’est plus permis. Voyager à vélo est bien le meilleur moyen d’aller à la rencontre des gens et de vivre leur quotidien. N’en doutez plus, c’est du pur plaisir.

 

Tout roule au poil.

 

Nous vous embrassons bien fort.

 

Fanny et Mathieu

 

 



15/01/2012
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