Aujourd’hui il pleut. Les nuages sont bas. La température aussi, toutes proportions gardées. La pluie est fine et incessante. On est loin des averses exotiques rapides et puissantes. C’est simple, on se croirait dimanche. Pourtant, en jetant un œil dehors, les palmiers bordent la mer, les locaux, en t-shirt, se déplacent en mobylettes et les food courts sont bondes. Malgré la pluie, l’activité de Pontian Kecil bat son plein. Nous sommes en Malaisie, au bord de la mer de Malacca, 200 km au sud de Malacca. Aujourd’hui, 10 janvier 2012, nous faisons une pause pour vous écrire avant de prendre l’avion, vendredi, pour Jakarta, capitale de l’Indonésie.
Bon, nous faisons aussi une halte ici car ce matin nous n’avons pas pu nous lever. N’ayons pas peur des maux. Nous avons quitté Malacca deux jours auparavant et 200 bornes en deux jours, cela nous a bien calmés ! Nos muscles ont besoin de repos. Avant d’en arriver là, nous sommes passés par bien des chemins. Laissez-nous vous les conter.
Cette fois, c’est fait l’Amérique centrale est belle et bien digérée. Nous sommes donc arrives à Kuala Lumpur le 30 novembre dernier, bien sûr. De là, nous hésitons sur notre chemin. Passons-nous sur la côte est, remontons-nous vers la Thaïlande, faisons-nous une boucle côte ouest- côte est-Singapour ?
Plein d’idées germent, mais nous sommes à vélos et les trajets sont plus longs qu’en bus. Notre séjour à la Birdnest Guest House a été plein de rebondissement. Comme nous rencontrons beaucoup de voyageurs, nous échangeons sur leurs destinations, ils nous donnent des informations. De fil en aiguille, Willy nous propose donc de passer les fêtes de Noel au Birdnest. Et là, tout s’éclaire. Nous allons laisser nos vélos ici et faire comme la plupart des personnes que nous rencontrons, prendre des transports en commun. Et c’est parti pour 12 heures de train de Kuala Lumpur jusqu’à Hat Yai en Thaïlande, puis une heure de bus jusqu’au ferry qui nous déposera sur les plages de Ko Lipe. C’est une petite ile située juste après la frontière malaise. Nous restons deux jours entre plage et snorkeling. L’eau est magnifique, notre chambre-chalet jouxte la plage et la douche est à ciel ouvert. Ce fut une belle étape sans bruit de circulation. Ça fait du bien ! C’est court, mais d’autres iles nous attendent.
On continue par Langkawi, dont le principal intérêt est d’être une zone détaxée et malgré les éloges entendus et lus sur ses plages nous ne sommes pas parvenus à nous baigner plus de deux minutes dans cette eau quelque peu glauque à l’odeur d’huile de foie de morue. C’est que nous sommes difficiles… De là, nous joignons Georgetown sur l’ile de Penang. Nous nous baladons entre les quartiers chinois et indiens, dégustons des mets locaux de cette jolie bourgade dont les rues étroites sont bordées par de vieilles demeures bien restaurées pour certaines. Notre guest house jouxte des temples hindous et des assembleurs de colliers de fleurs pour les offrandes.
Et puis il est temps de passer Noel à Kuala Lumpur, puis de reprendre nos vélos en direction de Malacca. Autant vous dire que recommencer a pédaler après un mois d’arrêt n’est pas des plus simple, d’autant qu’il faut sortir d’une capitale et naviguer sur les doubles voies dignes d’autoroutes,voir carrement autoroute pour certaines portions ! Toutefois, cette première journée s’est déroulée sous le signe de la générosité. Dès le matin un motocycliste a fait demi-tour pour nous aiguiller sur le bon chemin. Une heure plus tard, un autre, nous voyant nous tromper s’est arrêté de manger, a enfourché sa petite moto, nous a rattrapé pour nous mettre sur le bon chemin. Ne rigolez pas, les rues ont des noms similaires et le réseau des routes est tentaculaire. Grace à eux, nous naviguons avec les camions, les voitures et nombre de moto dont les conducteurs s’en vont au boulot. Apres deux heures de pédalage, toujours dans KL, nous arrivons à l’entrée d’un péage. C’est étrange, mais la bonne direction. Seulement, juste avant de prendre l’autoroute une trentaine de motocyclistes se sont regroupés sur le bas-côté. Que se passe-t-il ? En navigant à travers le groupe, on aperçoit l’un deux, allonge à terre, immobile. Un accident s’est produit juste avant notre arrivée et les autres, par solidarité, attendent les secours. Ca jette quand-même un froid…
Vers onze heures, nous faisons une pause pour nous rafraichir et déjeuner. Trois minutes après, dans une cote, Clac ! Ma chaine se casse. Pour une reprise, c’est une belle reprise. On n’a pas attendu deux minutes pour qu’un véhicule s’arrête. Le chauffeur et son partenaire nous proposent de nous emmener jusqu’au prochain réparateur de vélo tout en faisant un bout de leur tournée. Ils livrent et enlèvent des bouteilles de gaz aux abonnes. Seulement trois personnes peuvent monter en cabine. Comme Fanny ne souhaite pas forcement se trouver seule avec eux, elle monte à l’arrière avec les vélos et les bouteilles de gaz. Je tiens à préciser qu’elle a adore ! D’un coup de dérive-chaine, en moins de deux, le réparateur a fini son travail. Pendant ce court moment, juste à côté, un Indien s’intéresse à notre voyage et nous offre deux cannettes de RedBull, pour les forces dit-il. Nous l’avons béni moins de trente minutes après lorsque la route est devenue cote à travers la jungle.
Arrives a Seremban, sans carte, perdus dans une rue de sens uniques, à nouveau, un motocycliste s’’arrête à nos côtés et nous propose de le suivre jusqu’à notre lieu d’hébergement du soir. Apres une bonne douche bien méritée, si, si, nous faisons une petite sieste d’une heure-trente, au moins. Nous sommes levés depuis 5h du matin et avons été neuf heures sur la route. Il fait 33 degrés, un taux d’humidité énorme et une circulation vraiment dense et bruyante.
Le lendemain, c’est reparti pour un tour. Six jours de pédalage séparent Seremban de Singapour. Nous traverserons les villes de Port Dickson, Malacca, Bathu Pahat, Pontian Kecil et Johor Barhu. Sauf à Malacca ou nous avons séjourné quelques jours, nous ne sommes restes qu’une nuit dans les autres. Malacca est une ville vraiment agréable ou la population est très abordable. Et, à bien y réfléchir, comme toute celle que nous avons croisée en Malaisie. Il y règne cette atmosphère des villes de bord de mer, à la fois détendue et active. Les trishaws multicolores vous proposent de découvrir la ville sur fond de musique, le marché de nuit du quartier chinois bloque à lui seul une très longue rue. Bien sûr on trouve de tout sur les étals, des fringues, des boucles d’oreilles, de l’encens, des tatoueurs et même et surtout… Coconut Man. Il fallait que nous voyions cela avant de partir. Coconut Man est réputé mondialement. C’est un vrai docteur ( ?) qui vend sa potion contre beaucoup de maux, notamment musculaire. Et pour mieux appâter le chaland, il fait un numéro de deux heures et demi à l’issue duquel il perce une noix de coco à l’aide de son index. Vous ne nous croyez pas ? Alors voici la vidéo :
Incroyable, non ?
A Malacca, nous nous sommes aussi rendu compte qu’il n’est plus possible d’étendre un visa indonésien de trente jours. Ça change tout le temps. Il nous faut impérativement un visa de soixante jours. Ça, c’est un aller-retour à l’ambassade d’Indonésie à KL. Deux heures de bus et une heure de SkyTrain après nous arrivons devant l’ambassade. Un petit gars en uniforme nous précise avec un sourire en coin, que l’ambassade est fermée pour les visas. Il faut revenir le lendemain. Ah oui, je ne peux pas entrer en bermuda, mais Fanny, elle, peut entrer en short et débardeur. Nous voilà prévenus. Le lendemain, Françoise et Jean qui nous hébergent et que nous saluons chaleureusement, nous prêtent un sarong pour moi et un autre pour Fanny. Au cas où, Fanny prend son pantalon, style Shéhérazade. On ne sait jamais, ils changent vite d’avis ou l’avis change d’un interlocuteur a un autre.
Donc, nous nous présentons et la, comble du comble en territoire indonésien ou le sarong est presque la tenue officielle, il me refuse l’entrée. Du coup, me cachant de la porte et de la foule qui se trouve devant, j’enfile le pantalon de Fanny. Belle allure. Mais mes jambes sont bien cachées. Cette fois-ci ils nous laissent entrer tout en ayant un sourire. Cinq mètres plus loin, un autre garde précise a Fanny qu’elle doit se couvrir les bras. Décidément, chacun a sa politique ! Le sarong recouvrant les bras de Fanny, nous pouvons enfin retirer notre visa, revenir à Malacca et entreprendre la suite. Tout cela nous fait quand-même perdre du temps.
Toutefois, notre route se poursuit, traverse des kampungs (villages) malais, longe la jungle et des palmeraies ou les singes cueillent les noix de palme qui servent à fabriquer l’huile. Un des moments que nous adorons, c’est notre première pause du matin vers 9/10h. Comme nous partons avant 7h juste quand le jour se lève, nous aimons bien petit-déjeuner dans les restaurants au bord de la route. Bien souvent les ouvriers boivent leur the du matin. Bien souvent, lorsque nous arrivons avec nos gros vélos, les conversations prennent une toute autre saveur. Nous n’y comprenons goutte, mais nous sentons bien qu’elle a pris une autre direction. Et bien souvent, il y en a toujours un qui prend la parole pour les autres et nous posent les mêmes questions : d’où venons-nous, où allons-nous, combien pèsent les vélos, combien de temps voyageons-nous ? En plus de bien manger, nous passons des moments très agréables d’échanges et de temps en temps de franche rigolade.
Arrives à Singapour, nous ne trainons pas pour chercher des cartons d’emballage pour les vélos. Mais cela s’avère une mission périlleuse. Soit les boites sont minuscule, soit les magasins n’en ont pas ou bien ils les vendent rubis sur ongle. Depuis deux jours nous envoyons des emails, nous téléphonons et arpentons le bitume. Et à force de persévérance, un magasin a des grands cartons et se propose même de nous les emballer. Si tout va bien, mardi nous embarquons. Enfin.
Comme deux visiteurs nous rejoignent à Bali début février, notre temps est maintenant compte. Nous avons décidé d’atterrir directement là-bas et de faire notre séance indonésienne de pédalage sur l’ile.
Une chose est certaine, après ces petits voyages en bus, train et ferries et malgré les galères dans les aéroports, le doute n’est plus permis. Voyager à vélo est bien le meilleur moyen d’aller à la rencontre des gens et de vivre leur quotidien. N’en doutez plus, c’est du pur plaisir.
Tout roule au poil.
Nous vous embrassons bien fort.
Fanny et Mathieu
A peine descendus de l’avion, les porteurs nous sautent à la gorge avec un grand sourire. Ils ont déjà récupéré nos vélos et nous accompagnent à la sortie de l’aéroport, 25 mètres plus loin. A peine avons-nous foulé le sol balinais que les négociations commencent. Ils nous ont vite mis dans le bain.
Un taxi nous dépose dans un hôtel en plein cœur de Kuta, la ville la plus touristique, la plus bruyante et la plus festive de Bali. Force est de constater que la ville ne justifie pas un séjour prolongé, mais reste une bonne transition pour les premiers pas en Asie. Toutefois, le ton est donné. Une vague de scooters et de taxi déferle sur les rues principales, dans lesquelles la circulation est, bien-sûr, anarchique. Perpendiculaires, des venelles appelées gangs, bordées de murs en pierre de lave habillés de mousse rejoignent ces rues et forment un labyrinthe ou il est très plaisant de se perdre. Çà et là, les petites gargotes de rue cèdent la place à des autels sculptes dans la pierre et garnis d’offrandes ou de colliers de fleurs. Les commerçants qui bordent la plupart des rues vous hèlent et vous propose d’entrer dans leur magasin just for looking (juste pour regarder). Et si toutefois vous hésitiez, ils ont le best price just for you (le meilleur prix, juste pour vous). Il est certain qu’entre les fausses Ray Ban, les T-shirts I love Bali, les bijoux, les fringues, les statues à l’effigie de Buddha ou Ganesh, la tentation est rude. Et malgré leur accueil et leur sourire il faut résister aux assauts mercantiles des Balinais. Et quand vous réussissez à vous en extirper il faut encore refuser l’offre des chauffeurs de taxi qui, malgré votre refus, vous propose un transport may be tomorrow (demain peut-être). Néanmoins, cela fait partie intégrante du jeu. Car c’en est un. Surtout, ne jamais acheter un article sans avoir négocié, même le moindre adaptateur de prises, ce serait considéré comme une insulte. Le contact est facile et, malgré la sensation que le temps s’arrête, la vie est agitée, Peut-etre un peu trop. D’ailleurs nous décidons de quitter Kuta et de faire découvrir l’ile à nos vélos. Apres les avoir remontes, bien sûr.
Le lendemain matin, nous quittons notre petit déjeuner copieux (jus d’orange, café ou the, œufs brouilles et pancake a la banane) vers 7h30 et déjà Kuta s’affole. Afin d’éviter une grande partie de Jalan Legian, la rue principale, nous empruntons un gang parallèle dont le sol est bien accidente, mais au moins, la circulation y est moins dense. La sortie de la ville est plus longue que prévue car aucune rue n’affiche son nom et comme les règles de priorité s’effacent à celle du gabarit, il ne nous est pas toujours facile de traverser un carrefour directement. Nous nous voyons donc contraints de suivre le sens de la marche et de tourner à gauche avant de reprendre notre direction. Tout cela est exaltant, même si ce fatras de voitures, scooters, voitures à cheval et taxis est inquietant. Nous ne savons pas toujours très bien quelle trajectoire ces chauffeurs vont prendre ; autant vous dire que nous avons serre des fesses plus d’une fois. Même si leur manière de conduire est surprenante, ils doivent avoir leur propre code de la route car cela passe. Par exemple, il est fréquent que les voitures ou scooters se lancent d’abord sur le bas-côté, mais à contre sens avant de traverser la chaussée et revenir sur la bonne voie. En tout cas, nous avons trouvé notre rythme et notre place. En ville, nous serrons bien à gauche, mais pas trop près du trottoir, car de temps à autres il disparait pour réapparaître plus loin et devient un obstacle qu’il vaut mieux éviter. Sur la route, nous prenons un peu plus de place, notamment lorsqu’un véhicule cherche à nous dépasser et qu’un autre s’apprête à nous croiser. Dans ces cas-là, telle la grenouille, nous essayons d’être aussi encombrants qu’une voiture en prenant la place d’un bœuf.
Nous voici donc arpentant le bitume à la sortie de Kuta et cherchant la direction de Tabanan, la capitale de province. Apres avoir demandé notre chemin a un réparateur de scooters, puis a un restaurateur, un vendeur de lunettes, un sculpteur et au poste de police, nous tournons sur une route secondaire. Et en moins de cinq minutes de pédalage les maisons se dispersent et laissent apercevoir un dégradé de verts. Et en moins de dix minutes nous naviguons au milieu des rizières en escalier. Entre le vert foncé des feuilles de palmiers, celui, plus tendre, des jeunes pousses de riz et le bleu pur du ciel, le chemin vallonné et doux présente un gout de flânerie. Nous savons que cela ne durera pas, nous en profitons. En effet, Tabanan est située au pied des volcans et notre excursion va les croiser. Pour le moment, nous cherchons notre destination et, toujours en l’absence de panneau directionnel nous accostons une bande de jeunes qui gèrent un cybercafé. Au pire, nous pourrons toujours consulter un site de cartes routières sur le net. Apres de longues explications et un plan dessines par ces gamins tout hilare, nous comprenons tout de suite la voie à suivre. Nous laissons donc Tabanan derrière nous avec Bedugul comme point de mire. Toutefois, afin de pimenter un peu plus notre voyage, nous avons décidé d’emprunter un chemin de traverse dont le guide que nous avons lu nous promet des paysages époustouflants.
Apres avoir quitté la ville, nous avançons sur des routes magnifiques bordées de bambous, de palmiers, de rizières animées par les agriculteurs dirigeant des buffles d’eau. Entre cette vision de rêve, nous traversons des villages dont chaque maison laisse deviner un autel ou un temple fignole de sculptures et enrichi d’offrandes fleuries. De plus, nous approchons des fêtes de Galungan et Kuningan qui célèbrent la création de l’Univers. Pour égayer encore plus les rues et même les routes, les Balinais confectionnent d’immenses mats décorés de guirlandes de feuilles et de fleurs.
Nous trouvons difficilement un endroit pour dormir et le site est très romantique. Apres lui avoir demandé le prix de la chambre, le jeune gardien du homestay nous observe, réfléchit longuement et nous sort 300 000 roupies avec un grand sourire. Que nous lui retournons d’ailleurs tellement la somme est élevée. Nous la prendrons à 150 000. Alors ? Apres une valse d’hésitation, et parce qu’il y a de l’eau et de l’électricité, il nous la laisse pour deux cent mille. Nous nous installons et n’avons qu’une seule envie, prendre une douche bien fraiche, mais à ce moment précis, ni eau, ni électricité. Nous retournons voir notre lascar qui ne parle ni anglais, ni indonésien seulement balinais et lui expliquons que le prix ne correspond plus avec la prestation. D’ailleurs la discussion ressemble plutôt à cela : Hello Sir, no water, no electricity : no 200000 ! Au bout d’un quart d’heure, nous nous comprenons, il nous rend 50000 roupies. Nous réussissons tout-de-même à récupérer un sceau déjà rempli d’eau et à nous asperger à l’aide d’un petit récipient. Lorsque vous vous versez l’eau bien fraiche en gros paquet sur votre tête bien chaude, c’est une sensation douce et saisissante. Juste après cette douche artisanale, très embarrassés, nous nous rendons compte que le robinet coule et que la lumière est ! Mais le bougre a disparu alors que nous souhaitons lui rendre ses deniers. Nous ne le reverrons pas.
Le lendemain, nous partons très tôt. Il fait vite chaud et le soleil cogne dur sur le crane, sans parler du vent qui souffle fort. A peine sur les vélos sur la route, nous la sentons se raidir quelque peu, serait-ce un signe précoce d’une forte dénivellation ? Eh bien oui ! Nous voici, deux heures à peine après avoir commencé notre journée, en train de pousser les vélos tellement la pente est raide et le vent décolle nos chapeaux. En plus, les échoppes qui nous ravitaillaient en vivre et en eau ne sont plus légion. Tandis que la route poursuit son ascension vers les hauteurs volcaniques, les balinais nous regardent maintenant comme des hurluberlus et à la place des sourires et des pouces levés nous avons droit a des yeux ronds emplis d’interrogation. Lors d’un ravitaillement en eau, la fille du propriétaire nous explique avec un large sourire qu’il n’y a plus de boutiques ni de restaurants avant Bedugul, la ville avant le point culminant de notre route a environ 60km. Et elle rajoute aussi que les chambres simples coutent cent mille a cent vingt roupies dans cette partie de l’ile. Nous apprenons donc deux choses. La première, quand vous négociez, tant que le vendeur est d’accord, vous vous faites berner. Donc n’ayez pas de scrupules. La deuxième, nous sommes bien mal engagés. Il nous reste donc 60km en dénivelés sur des routes qui ressemblent plus à des chemins défoncés qu’à du macadam. Il est encore tôt, alors tout va bien. Le plein d’eau effectue, nous continuons de monter jusqu’à cette belle route qui vire à droite. Elleest belle car elle descend et donne sur le jardin. Tout le long de cette montée, nous étions entoures de foret ou de temple. Maintenant la vue se débouche et donne sur les plus belles rizières que nous ayons croisées. Nous dévalons cette route qui, nous en sommes certains, va remonter, puis redescendre. Nous ne nous trompons pas et l’escalade jusqu’à Bedugul nous fait changer de climat. Nous rentrons dans les nuages, la pluie et le froid. La ville, construite avec de la pierre de lave, ajoute un cote mystique ou mystérieux. On ne sait plus très bien. Et puis, le lendemain, nous empruntons une route qui se glisse derrière les volcans et s’effondre vers Lovina au nord de l’ile, sur la cote. Nos mains engourdies à force de freiner se réchauffent aussi rapidement que nous descendons et que la chaleur remonte. Nous avançons le long de l’océan et traversons Tulamben, Amhed, Candi Dasa, Padang Bai et Sanur. Tout en continuant, nous évoquons l’arrivée de Delphine, une semaine plus tard. Même si nous profitons de chaque jour, chaque heure, chaque minute, le temps passe. Très vite. Surtout quand vous passez votre temps à ouvrir les yeux, à rencontrer, à découvrir.
Et la semaine file. La fin de ce parcours arrive bien vite et c’est pour mieux retrouver Delphine qui vient nous rejoindre pour dix jours. Bien sûr, nous posons les vélos et, avec elle nous découvrons l’ile de Lembongan, à l’est de Bali. C’est un plongeon en plein cœur de la culture balinaise. En effet, nous commençons avec la découverte des fonds sous-marins avec palmes, masque et tuba ou snorkeling. Certes ce n’est pas le plus traditionnel, mais le respect de la nature et de l’océan fait partie intégrante de la culture balinaise. Et lorsque l’on aperçoit la couleur de l’eau, quoi de plus naturel que de se demander qui habite dessous ? Entre Mangrove Bay et Wall Bay, nous découvrons des poissons multicolores, des anémones, des Némo et aussi des coraux en bonne santé. Jacques-Yves Cousteau retrace sa passion dans Le Monde Du Silence, il faut reconnaitre que cette vie sous-marine est emplie d’activité et de couleurs magnifiques, mais également pleine d’interrogations. Tellement en tout cas que retarder le retour est un sacerdoce.
Quelques heures après avoir quitté l’océan, nous empruntons des scooters afin de faire le tour de l’ile. A peine avons-nous fait cent mètres que nous croisons un très long cortège. Nous avons l’impression que tous les habitants sont présents. La tête de cortège s’est déjà arrêtée dans un champ, alors nous demandons quel est l’objet de cette réunion à une dame assise à nos côtés. Charmante, sourire a l’appui, elle nous explique qu’il s’agit de la cérémonie de crémation de sa grand-mère. Toutes les personnes présentes sont de la famille ou des amis. Que dire dans ces cas-la, si ce n’est lui retourner son sourire ? D’ailleurs nous avons vite pu associer les images a la parole. Alors que dans certaines parties de l’Inde, le corps doit se consumer sans flamme pour que l’esprit puisse s’envoler, ici la pratique est un peu plus radicale. Le corps est place sur un bucher. Les deux sont disposés sous un auvent qui sert d’autel. De part et d’autre du bucher, les religieux utilisent une soufflerie pour justement attiser le feu. Il est surprenant de constater la différence de comportement entre les cultures dans ces moments-là. Tous sont habilles de blanc le sourire au bord des lèvres. La croyance en la réincarnation a ce côté magique de la continuité.
Ensuite nous laissons la famille, non sans l’avoir remerciée, et poursuivons notre visite de l’ile. Et là, au moment où nous cherchons de quoi nous sustenter, nous croisons la route d’un Balinais qui nous propose d’assister à un combat de coq. Si ce ne sont les crémations, les offrandes, les temples ou les sourires qu’est-ce qui définit un peu plus encore Bali ? Alors nous nous retrouvons tous les trois entourés d’une foule qui crie et lève des billets. Les propriétaires montrent leur coq, les énervent en leur caressant le cou à rebrousse-poil. Les paris fusent de tous les cotes dans une sorte de mélopée aigue. Apres une minute, les paris sont faits. C’est parti, le combat commence au milieu de cette centaine de parieurs. La scène est particulière et relativement agressive. Chaque coq, équipé d’une lame à un de ses ergots vole sur l’autre. Ils n’ont pas vraiment l’air de savoir ce qui se passe. Ils n’ont même pas vraiment l’air concerné. C’est un spectacle assez particulier, mais les éleveurs sont très fiers de leur activité et de leurs coqs. Ame sensible, s’abstenir.
Nous quittons cette bagarre et poursuivons notre visite à Ubub sur Bali, cette fois. Il s’agit du centre culturel de l’ile de Bali. Certes, la ville regorge de boutiques d’artisanat et vomit ses touristes. Toutefois, afin d’éviter ce travers, la journée, il suffit de se promener a pieds aux alentours. Si ce ne sont les Balinais qui s’occupent des rizières ou les peignent, aucun accent australien, allemand ou français n’est à déplorer. Le premier soir, nous nous laissons charmer par un spectacle d’ombre de marionnettes artisanales. Derrière un rideau blanc, un marionnettiste donne vie à plusieurs personnages et raconte la légende d’Hanuman. Il prend deux personnages à la fois et leur fait bouger la bouche ou un bras. Ils sont étonnants d’agilité. Bien sûr, on n’y comprend goute car il parle en balinais, mais le simple fait de se laisser bercer par ces images qui virevoltent devant la flamme vaut le détour rien que pour la magie de l’artisanat. Le deuxième soir nous nous laissons envouter par le charme des danses Legong. Le regard figé des danseuses, la désarticulation de leur bras et mains accompagnés d’une musique à base de xylophone nous laissent muets et émerveillés. La mélodie des instruments donne naissance à nos rêves et quand arrivent les danseuses aux costumes dorés, si agiles, délicates et gracieuses, le rêve devient réalité. Pendant que les danseuses et danseurs s’appliquent a effectuer leurs gestes d’une précision redoutable, on peut apercevoir les musiciens rigoler tout en jouant sans fausses notes et avec régularité. Apres un spectacle telles que les danses Legong, vous restez sans voix. Cela tient plus de l’expérience que du spectacle.
Il est très difficile de raconter Bali en quelques lignes. Même l’habit traditionnel mériterait qu’on s’y attarde tellement il est élégant et joli. Hier encore, nous y étions et les admirions. Le temps passe vraiment très vite.
Aujourd’hui nous sommes bien revenus sur le vieux continent. Vous pouvez en être certains car nous n’avons pu taper de réactu avant aujourd’hui tellement nos doigts étaient gelés !
Nous reprenons la route demain matin et pensons arriver à Bourges samedi 17 mars prochain. Nous passerons chez Boulette le soir même. Si ça vous tente…
Selamat datang
Bonjour à toutes et à tous,
Que le temps passe vite ! Hier encore, nous étions à Chetumal, au Mexique. Hier encore nous parlions la langue de Borges. Hier encore les cloches des églises résonnaient et le nom des villes pouvait se traduire facilement telles Flores ou Rio Dulce.
Aujourd’hui, je ne connais pas d’auteur malais, encore moins leur langue. Aujourd’hui, c’est l’appel du muslim qui résonne plusieurs fois par jour. Aujourd’hui, nous imaginons seulement la signification du nom des villes.
Ce changement a vraiment quelque chose de magique. En quelques heures d’avion, nous nous retrouvons projetés aux antipodes de la culture occidentale. Toutefois, nous ne pouvons pas nous étendre sur le sujet, pas encore. Il est trop tôt, alors que l’Amérique centrale est encore dans nos esprits.
Le Belize inconnu
Nous quittons donc Chetumal, ses chauffeurs de taxi adorables et son blanchisseur (de linge) voyageur le 11 novembre pour entrer au Belize, pays inconnu jusqu’à présent où les gens parlent espagnol, anglais et une langue à mi-chemin entre les deux. Nous avons le choix…
Nous arrivons à Orange Walk, la première ville du Belize et nous dirigeons vers le restaurant qu’un Bélizien de Chetumal nous a conseillé, celui de sa maman. Les rues sont accidentées et les maisons et les bâtiments relativement délabrés. Le restaurant ne fait pas exception, mais la maman de notre ami nous accueille royalement et nous invite pour le déjeuner et même pour diner. Entre-temps, nous avons pu trouver une chambre magnifique et très bon marche à la Lucia Guest House. Quatre mètres carre, aucune fenêtre, pas de chasse d’eau, l’eau qui sent la rouille, les draps humides et moites, sans oublier les cafards et les allers/venues douteuses dans la nuit. Tout cela pour la modique somme de 20 dollars américains. Une aubaine ! Mais fort heureusement, je me suis fait rasé. ( On vous laisse deviner qui et où.. !). Même si l’endroit est paradisiaque, nous devons le quitter et avancer.
La route, bordée de foret et de champs de canne à sucre, est plutôt agréable et n’est pas débordante de circulation. Toutefois, les quatre-vingt kilomètres qui nous séparent de Belize city sont éprouvants car le vent fait des siennes. Il doit vouloir avoir sa revanche et nous souffle en plein visage. Apres soixante kilomètres, nous nous arrêtons pour grignoter un bout dans un petit village. Le restaurant, le sol en terre battue, les marmites noircies par le charbon, sent bon le déjeuner local. En effet, le menu du jour se compose d’une assiette de riz, de haricots rouges, d’une salade de chou et d’un morceau de poulet gringalet. D’ailleurs, est-ce bien du poulet ? Allez hop, 10 dollars américains. Si cela continu, nous allons nous faire plumer au Belize !
Arrives a Belize City, nous prenons la direction de la capitale, Belmopan. La route quitte la ville en traversant le cimetière. Même sur le haricot s’élèvent des stèles. C’est assez surprenant. Dans cette enclave d’Amérique centrale, comme la population est plutôt noire, cela nous fait penser au vaudou. Surprenant, donc, mais un peu inquiétant tout de même.
Nous continuons notre trajet sous les regards indifférents des autochtones jusqu’à la frontière guatémaltèque. Sans formalité supplémentaire, nous retournons en terre hispanique et retrouvons les sourires tout autant que les encouragements.
Vive le Guatemala
Une des raisons de notre visite au Guatemala, c’est Tikal. Tikal est l’une des ruines maya les mieux conservées. Outre les deux temples de 40 mètres de hauteur, c’est moins les ruines que sa situation au cœur de la jungle qui fait de Tikal une destination incontournable. En sus, comme nous sommes arrivés très tôt, la jungle nous appartient. Ou, plutôt, nous lui appartenons. Pour les centaines de singes araignées nous devons être de bien drôles d’oiseaux avec notre sac à dos et cette étrange boite que nous mettons devant notre œil de temps en temps. Cela ne doit pas les gêner tant que cela puisqu’ils continuent leurs singeries, et avec souplesse encore. Ils sautent d’arbre en arbre, se fraient un passage dans les feuillages, sur des branches vraiment très fines. Un peu plus loin, nous entendons des cris. Non, pas des cris, des exclamations profondes voire caverneuses. Il doit s’agir de la mise en scène d’un rituel maya. Intéressant. Alors nous cherchons, mais la destination est toujours en mouvement. Et puis se perdre dans la jungle est bien plus aise que de s’y retrouver. Alors quand nous demandons notre chemin, nous apprenons qu’il s’agit de singes hurleurs. Malgré notre entêtement, ils ne montreront pas le bout de leur museau, truffe, groin. Enfin, de leur blair, quoi. Dommage. Toutefois, nous avons quand-même vu une très belle araignée, bien vivante celle-ci… On pourrait écrire bien longtemps sur ce lieu époustouflant, mais les photos parleront plus d’elles-mêmes.
Sur la route qui nous mène a Guatemala Ciudad, nous passons quelques jours à Rio Dulce, petite ville qui longe le rio éponyme. Les hébergements également sont au bord de l'eau, bien souvent construits en planches de bois. Ce qui n'est pas sans charme. Ce séjour nous amènera, après une croisière de 2h30 à Linvingston, petite ville des Caraïbes, enclave de la culture Garifuna. Ici aussi Bob Marley est très présent.
Nous nous attarderons également a Antigua, ou plus précisément Antigua Guatemala, l’ancienne capitale du Royaume du Guatemala, charmante cite coloniale sise entre les volcans Agua, Fuego et Acatenango. De Guatemala, il faut prendre un ancien schoolbus américain merveilleusement restaure ou plus précisément tuné. D'ailleurs, on a l'impression que la restauration et la peinture de ces cars est un sport communal. Qu'est-ce qu'ils sont chouettes !
A Antigua, après que Mademoiselle se soit faite faire une tresse, nous sommes allés déjeuner à la tienda "La Canche". Petit resto que nous conseillons vivement. Accueillis par une petite dame sans âge avec le cheveu blanc et les yeux malicieux, nous traversons la petite épicerie pour pénétrer dans l'arrière-boutique et découvrir quatre tables qui jouxtent les fourneaux. Les murs sont tapissés de cadres, d'affiches et de photos à l'effigie de Jésus ou Marie. Muy tipico. Et les plats proposes ont été à la hauteur de ce lieu magique. Et c'est sur cette dernière belle note que nous quitterons le Guatemala pour Kuala Lumpur, via Los Angeles et l'hospitalité légendaire de notre GuestHouse...
Petite contrariete
A peine après avoir atterri à l’aéroport international de LA, la navette passe nous prendre parmi d'autres voyageurs. Nous nous présentons au comptoir d'accueil. Une hôtesse, le visage vraiment fermé, nous explique le fonctionnement de l'établissement pendant que nous remplissons un formulaire. Bien évidemment, nous ne comprenons pas très bien ou se trouve la chambre et lui demandons de parler moins vite. Et elle de répondre : "je parle déjà très lentement !". Ca sent l'auberge du Bon Accueil à plein nez. Autant vous dire qu'il n'a pas plus été facile de savoir que le colis que nous attendions a été donné à un autre client. Peu importe, pour entamer notre moral et notre bonne humeur, il faudrait, comme le dit Gabin dans Un singe en hiver, se lever plus tôt ou se coucher beaucoup plus tard. Et puis, nous, nous nous dirigeons vers la Malaisie, alors...
De la Malaisie a l'Inde
D’ailleurs, grace à Isabelle, rencontrée a Los Angeles, nous avons déjà un pied-à-terre au Birdnest Guest House, à Kuala Lumpur. Willi, le propriétaire, est adorable. Il nous concocte une visite de KL aux petits oignons. Entre la vue des tours Petronas, le marché chinois, les grottes de Bathu et aussi la visite des centres commerciaux, nos journées sont bien remplies. Et les soirées aussi. Nous nous retrouvons, en compagnie d'autres voyageurs, sur la terrasse ; chacun y va de son anecdote. Et en anglais. Tandis que nos amis allemands sont partis pour d'autres horizons, nous allons visiter Little India, ses marchands de colliers de fleurs, ses gargotes de samossas et son odeur de patchouli.
Demain, nous nous dirigeons vers Georgetown au nord de Kuala Lumpur pour longer la côte ouest jusqu’à Singapour, port qui nous ouvrira les portes de l’Indonésie.
En attendant, merci à vous d'être présents, merci de votre lecture, merci de vos messages.
Nous vous embrassons bien fort et pensons bien a vous.
A tout de suite
Fanny et Mathieu
¡Holá!
apres 48 heures passees dans un train Amtrack entre Bakersfield et Dallas et trois jours a Dallas, nous quittons les Etats-Unis.
Premiers pas au Mexique
Le 17 octobre nous atterrissons a Cancun, recuperons nos bagages, deux gros sacs de 23 kg et nos deux velos. Jusqu'a present nous avons pu sortir des aeroports facilement, mais la, ca se gate. Les bagages doivent passer un ultime controle aux rayons-X. Ok, mais les velos et leur boite ne passeront jamais la-dedans !
Fort heureusement, apres une petite explication et une legere inspection a la lampe-torche a travers les trous d'une des boites a velo, nous entrons en territoire Maya.
Nous sortons de l'aeroport, une chaleur humide et moite ainsi que des taxis nous assaillent. Enfin, nous sommes au Mexique. Les sourires, les propositions de tarifs pour nous amener en centre ville, les negociations, nous sommes vraiment au Mexique.
Notre tee-shirt deja moite nos premiers amis nous font un prix . 300 pesos pour nous deposer dans un hotel que nous choisirons. Le chauffeur, lui, nous indique trois ou quatre adresses. Mais nous n'avons aucune idee du prix moyen, seulement que 1 euros correspond a 18 pesos.
Durant le trajet, nous discutons et nous apprenons que sur la cote, la chambre est a environ 600 pesos, celle du centre, 300. Sur la cote, c'est "hotels 'all inclusive' pour Gringos". Dans le centre, ce sont les marchés des produits locaux, les echoppes de tacos et de fajitas, le local.
Sans aucune hesitation, nous irons dans le centre.
Le temps de prendre la temperature et de nous acclimater a ce nouveau pays, nous nous balladons dans les rues de Cancun qui contrastent avec les plages. D'un cote, les batiments sont bas et meme si certains sont colores, l'ensemble reste gris. De l'autre, cela ressemble a une guerre de gabarit d’hotels avec, en toile de fond, la mer des Caraibes, turquoise et chaude.
Nous ne pouvons nous empecher de gouter a une biere mexicaine, La Bohemia. Dans un bar du quartier populaire. Du coup notre voisin de comptoir, sur fond de jeux panamericains, vient a notre rencontre. Il adore le Francais, connait Edith Piaf, Charles Aznavour, Mireille Mathieu et Nana Mouskouri grace a sa maman. Nous Parlons beaucoup et sympatisons. C’est decide, il nous emmene dejeuner, demain, a la Mandinga, un restaurant typique de pecheur. Le lendemain, Marco, c'est son prenom, nous exlique le Mexique et les Mexicains, les choses a faire ou pas, nous fait gouter des plats savoureux. Le tout accompagne par les chansons d'un Trio Romantico. Excellent. Comme le torito, une boisson delicieuse d'aguardiente et de lait de coco. Cette rencontré est delicieuse, mais le temps est venu de nous separer car les kilometres et les decouvertes nous attendent. Et les velos doivent etre revises.
En route pour Playa del Carmen
Nous quittons donc Cancun pour Playa del Carmen, a 70 km plus au sud. Quel bonheur ! nous avons le vent dans le dos et tout est plat. Quel contraste avec les cotes de la Californie. Certes, c'est une Federale, certes c'est une quatre voies, certes beaucoup de circulation, mais quand-meme, ca deroule.
Du coup, en partant a 9h du mat, nous rejoingnons Playa Del Carmen a 12h. Gagnes par la faim, nous nous arretons dans un comedor qui nous concocte la soupe de la maison puis des cotes de porc fines accompagnees de riz, de frijoles et d'une agua jamaica. Sur les conseils du patron, nous nous dirigeons vers un hotel, proche du Palacio Municipal. Apparemment, rares sont les campings. Ou meconnus. Playa del Carmen est bien differente de Cancun ou des rues commercantes s’entrecroisent. Que cherches-tu amigo ? un hamacs aux couleurs Mayas, des lunettes de soleil, des tongs tressees, des tacos, un ceviche, un restaurant, un sombrero ? Tout ce que tu cherches, c’est ici! c’est certain, il y a plus de vie a Playa del Carmen, d’autant que la plage est vraiment proche du centre. La contrepartie est que nous sommes innondes de vacanciers. Les vacances de la Toussaint se font bien sentir, mais nous avons plus d’un tour dans notre sac et nous connaissons les endroits que seuls les Mexicains frequentent, hormis la plage, bien sur.
Tulum, ses ruines et Rina
Apres cette pause fort agreable, nous reprenons nos fideles destriers pour nous diriger vers Tulum, petite ville-route reputee pour ses ruines et ses plages. Un peu deboussoles a notre arrivee, nous avons suivi la ligne blanche au sol et nous nous sommes diriges vers le cote plage. C’est assez etonnant. Le bord de plage est constitue d´hotel-cabañas et láutre cote de la route, de restaurant, le tout dans un style hippie-zen tres particulier. Et hors de prix. Heureusement, a forcé de recherche, nous trouvons un emplacement de tente qui vaut bien leur cabañas. Au pied de la mer des Caraibes, entre quatre cocotiers, sur du sable blanc. Quel pied !
Tout est parfait, l’emplacement de la tente, l’emplacement du camping (au bord de l’eau, a 500 m des ruines et 4 km du centre). Comme il fait super beau, nous en profitons pour nous ressourcer au coeur de la grande bleue turquoise, nous verrons les ruines demain. Et comme il n’y a pas d’electricite, nous apprenons par les proprietaires un peu sur le tard que Rina, un ouragan, s’invite sur notre bord de mer. Branle-bas de combat, apres s’etre renseigne aupres de la Protection Civile, nous ne pouvons pas quitter Tulum jusqu’a nouvel ordre. En plus il s’agit de quitter la cote qui pourrait etre dangereuse.
Et bien voila, nous sommes bloques a Tulum ou tout le monde s’apprete a essuyer les degats d’un ouragan. On s’attend au pire. Les rues se vident de ses commercants, les lumieres s’attenuent comme pour faire passer la ville inapercue lorsque surviendra Rina, les maisons et commerces se parent de planches en bois pour proteger fenetres et vitrines et meme la vente de bieres et tout autre alcool est interdite jusqu’a nouvel ordre. Nous assistons vraiment a une atmosphere particuliere, voire pre-apocalyptique. Et nous ne sommes qu’en alerte jaune. En tous cas, le gouvernement du Quintana Roo prend son role a coeur et au serieux. Tout est prevu pour la securite des habitants et des touristes.
Apres deux jours de fortes pluies, l’alerte est levee et la vie reprends ses droits. Comme nous l’avait dit un restaurateur :”ce genre de tempete, ca ne risque rien. Vous croyez que les Mayas auraient construit leur cite dans un endroit a risque ¿” L’evolution de l’ouragan lui donne raison et c’est pour nous une belle occasion de decouvrir les fameuses ruines de Tulum. Sises sur un site magistralement bien entretenu, bien degage, elles sont relativement petites et peut-etre trop frequentees. En fait, nous qui pensions que tout le monde avait deserte Tulum, les gens etaient bien presents pour la reouverture des ruines sous le soleil. Mais enfin, cela n’enleve en rien la beaute de ce lieu surtout des ruines plongeant dans la mer.
L’autre eau turquoise
Le chemin continue, son lot de surprises egalement. Apres deux jours de pedalage, 190km et la traversee de Felipe Carillo Puerto, nous nous arretons a Limones. Dans l’idee, cette halte est a mi-chemin avec Bacalar, autre endroit conseille.
Le lieu nous semble quelque peu perdu. Le village est reduit a quatre route autour d’une place-terrain de football. Toutefois, on nous indique des chambres pour la nuit. La señora, tres agreable, nous indique le lieu : a l’autre coin. Par experience, nous demandons a voir la chambre ou au-moins le batiment. Peint en orange, il ne manque pas d’allure, mais une odeur nous gene un peu. Apres un rapide coup d’oeil, nous apercevons cinq ou six poissons morts dans un sac plastique qui, eux, nous font de l’oeil. Merci beaucoup Madame, mais il est encoré tot, alors nous allons continuer jusqu’a Bacalar”. Cela dit c’est encore a 40 bornes et apres les 80 que l’on vient de taper... nous allons nous octroyer une pause ananas/jus d’ananas dans une guitoune sur le bord de la route.
Adorables, les dueños, contre toute attente, nous apprennent qu’a 4km, un Allemand a ouvert un camping-cabañas. La c’est un signe, nous le prenons pour nous. Le chemin n’est pas des plus facile. En terre, avec ce qu’il est tombe dans la nuit, on pourrait presque nager dans les flaques d’eau ou plutot de boue. Apres trois bons quart d’heure nous arrivons a Laguna Azul. L’accueil est charmant. Toutes les cabanas sont occupees, mais avec notre tente sous une palapa, nous sommes une nouvelle fois les rois du monde. L’endroit est calme, la lagune de Bacalar, appelee aussi le lac aux sept couleurs, fait penser un peu a un lac d’altitude. Celui que l’on cherche longemps. Celui qui apparait au moment ou s’y attend le moins. Celui qui t’empeche de partir tellement il est vrai. La couleur de l’eau oscille entre des camaieux de bleu et de vert, les mangroves tout autour lui conferent son cote tropical et l’eau transparente est douce a souhait.
En plus de ce spectacle natural a couper le souffle, nos hotes nous proposent des mets delicieux. Certes, ils ne sont pas les plus representatifs du Mexique, mais ils sont exquis, delicieusement prepares par Cristina et Carlos. En plus, le generateur et les panneaux solaires ne permettent pas de tout alimenter en meme temps. Alors, le soir, nous dinons tous a la chandelle : un professeur de Mexico DF et sa fille, le proprietaire, son ami qu’il n’a pas vu depuis trente ans ainsi que son fils et ses petit-fils. Un peu comme une famille a l’autre bout du monde… Il est difficile de quitter ces personnes et les moments qui sont partages. Toutefois, nous les avons bien vecus et maintenant il faut avancer. Une nouvelle fois.
Aujourd’hui nous sommes a Chetumal. Apres-demain le Belize.
Ici tout roule pour le mieux.
Nous vous embrassons
A tout de suite
C'est tellement bien conté et realiste, que je ne peux que lui laisser le clavier. Et oui messieurs dames, je n'ai pas seulement un homme avec moi, mais egalement un poète, un écrivain, un Tom Tom (il est plutôt doue pour les destinations), un cuisinier (il fait de délicieuses pâtes au thon) et j'en passe. Vous voyez, pas de quoi s'inquiéter, je suis tres bien entouree.
Mais oui, je confirme, entre deux pauses chez l'habitant, c'est pas toujours facile. Et dire que certains me croyaient partis pour six mois de vacances ! Certes nous l'avons choisi et la plupart du temps ce n'est que du bonheur, mais j'avoue que la grosse partie montagneuse que nous avons traversée a failli avoir raison de ma volonté et mon engouement a une ou deux reprises. Mais finalement, j'y ai gagné. En muscles, ça c'est sur, en fierté aussi, quand-meme, il faut le dire. Et en émerveillement, surtout, face a tous les superbes paysages qui se sont offerts a nous, la découverte d'animaux superbes et de toutes sortes (heu sauf la mygale, celle-la je m'en serais volontiers passée), les rencontres humaines que nous avons pu faire et sans oublier bien sur tout nos petits moments agréables : quand on trouve notre point de bivouac, quand on mange nos pâtes au thon bien méritées en refaisant notre journée, quand on se couche, etc, etc.
Si nous ne nous sommes pas enrichis a las Vegas, et bien je peux vous dire que nous le faisons de bien d'autres manières et bien plus agréables le reste du temps. Et nous n'en sommes qu'au début...
Je vous embrasse.
Fanny